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qui aimerait rester anonyme et qui n’a finalement même pas publié l’interview Journaliste : Sur votre site web, vous vous présentez comme "Poète et guerrier". Croyez-vous que vous serez pris au sérieux avec de telles auto-stylisations ? UL : La formule "Poète et guerrier" ne vient pas de moi, mais du sculpteur Serge Mangin qui est surtout connu pour son portrait d’Ernst Jünger. Je trouve la formule pertinente et aime bien la citer parce que, pour moi, le combat n’est pas seulement une métaphore. Je pense sérieusement ce que je dis et suis également prêt à en assumer les conséquences. Mes poèmes sont une déclaration de guerre à la décadence moderne qui ruine notre foi, notre pays natal et notre patrie. Journaliste : Le Reich est un motif central dans vos poèmes. Qu’est-ce que cela représente exactement ? UL : Lorsque les états de la Confédération du Rhin ont abjuré le serment de vassalité sous la pression de Napoléon, François II a renoncé à la couronne impériale allemande. Parmi les troubles des événements, pratiquement personne n’a considéré cela comme étant particulièrement important, mais dans le peuple une conscience subliminale que quelque chose d’extrêmement significatif et précieux s’est perdu a grandi. Ceci se manifeste dans la très populaire légende de Kyffhäuser selon laquelle le Staufer reviendra un jour et rétablira l’empire dans sa splendeur. Comme tous les mythes, le mythe de l’empire est aussi une contradiction en soi : d’une part, il est allemand, d’autre part, il est universel. On peut en partie résoudre cette contradiction si l’on considère la notion d’allemand non pas d’un point de vue purement ethnique, mais sous la forme d’éthique et de conception du monde. Les courants spirituels et les mentalités conditionnées par le climat se rencontrent au centre de l’Europe. Lorsque les Francs ont franchi la Saale et colonisé le territoire peuplé par les Sorabes, la plupart des Sorabes l’ont compris comme étant une chance et sont passés à la culture allemande. D’autres peuples, tels que les Tchèques, les Hongrois et les Italiens, ont conservé leur particularité dans l’empire. L’empire est l’espace entre la Russie et la France et en même temps la suprématie de la chrétienté. La foi chrétienne constitue la différence essentielle par rapport à la CE capitaliste. Journaliste : Cela a l’air d’une énorme croisade. A quoi cela doit-il ressembler à l’ère de la bombe atomique ? UL : La CE s’est aussi formée sans recourir à la force, et ceci montre que les états sont tout à fait disposés à renoncer à la souveraineté lorsqu’ils en attendent une amélioration de la situation générale. L’ordre économique et social actuel, imposé par l’Amérique, contraint les meilleures forces du peuple allemand « en friche » et stériles. Si ceci se modifie un jour, il se manifestera un succès si énorme que même les peuples d’Europe les plus critiques vis-à-vis des Allemands renonceront à leurs réserves. Journaliste : Votre vision me rappelle un peu la maxime du Nouveau testament, selon laquelle la foi peut déplacer les montagnes. Mais le romantisme politique s’est avéré dans l’histoire être extrêmement inapte, les acteurs ont bien souvent fait penser à Don Quichotte. Comment voulez-vous résoudre la contradiction entre mission mythique et banalité du quotidien ? UL : Dans l’Empire romain, alors que le christianisme étant encore illégal, des personnes trop zélées se sont à l’occasion dénoncés auprès des autorités, disant qu’elles n’honoreraient pas l’empereur comme étant divin, réussissant ainsi à obtenir une mort de martyre. Les évêques ont à juste titre condamné un tel comportement. Dieu a donné l’intelligence à l’homme afin que celui-ci l’utilise. Chaque enfant peut s’apercevoir que le système capitaliste est anti-raisonnable. Il faut que l’on soit modeste dans ses objectifs à court terme, mais l’on ne doit pas perdre de vue les siècles. Pour revenir à votre question : notre existence se déplace entre les pôles logos et mythe, raison et sang. Dans la poésie, j’essaie de maintenir l’équilibre, ceci se voit déjà dans la forme. L’empire se base sur le dynamisme, les deux pôles se rassemblent dans l’action. Du courage est nécessaire pour pouvoir penser les possibilités de communauté et d’ordre au sein d’un monde de défaitisme et de nihilisme. Mais il n’existe pas d’alternative. Journaliste : Dans vos réponses et aussi dans vos poèmes, vous attaquez continuellement la RFA et démolissez tout chez elle. Cela pourrait-il être lié au fait que, en tant que „Ossi“ (habitant de l’ex-RDA), vous avez grandi dans un monde tout à fait différent et que, au fond, vous n’êtes jamais vraiment arrivé à l’Ouest ? UL : „Ossi“ est pour moi un titre honorifique parce que mon père est originaire de Beuthen en Silésie et que j’ai beaucoup de raisons d’être fier de la Silésie. Concernant l’origine de poètes allemands, la Silésie occupe après la Souabe la deuxième place, aucun Rhénan ne figure au palmarès. La RFA est une colonie américaine. Rappelons-nous les propos d’Adenauer, selon lesquels il préférerait avoir complètement la moitié de l’Allemagne qu’avoir à moitié toute l’Allemagne. Il serait plus exact de constater qu’il n’en voulait qu’un tiers. En tant qu’ennemi héréditaire de la Prusse, il a rencontré les pacifistes. Dans la période d’après-guerre, le SPD était le plus national parmi les partis légaux, même les communistes ont organisé en 1946 une "Journée du parti du Reich". Que le Saint-Siège ait soutenu la CDU sans réserves, cela se situe dans la tradition du Vatican en matière d’hostilité vis-à-vis des Allemands. La CDU a su comment faire avec toutes sortes d’opérettes pour entretenir les expatriés dans des bonnes dispositions et n’a laissé tomber le masque que très récemment. Dans les années cinquante, elle ne se serait jamais laissée aller au dogme disant que l’état allemand se base sur Auschwitz. Si un auteur de science fiction avait l’idée d’un scénario de fausseté, tel que nous pouvons le vivre avec la CDU et la RFA, on le considérerait comme malade. Journaliste : La chute de la Prusse n’est plus guère déplorée en Allemagne. La Prusse est synonyme de caractéristiques qui ont à l’étranger abouti à des caricatures de l’Allemand. Frédéric Le Grand lui-même a souffert sous l’état militaire et beaucoup d’intellectuels après lui. Goethe a même désapprouvé le patriotisme prussien dans les guerres de libération. Puisque vous-même, précisément dans votre livre sur la Thuringe, êtes le porte-parole de la particularité, la Prusse doit tout de même vous apparaître comme étant un monstre en Allemagne. Comment expliquez-vous ces contradictions ? UL : La Prusse, c’est le triomphe de l’esprit sur le monde tribal; un pays sans base ethnique. Un état qui s’appuie sur la raison, pas sur le sang. Si l’on trouve magnifique qu’une telle chose ait été possible, cela ne signifie pas que l’on n’accorde pas leur particularité aux Bavarois. J’ai déjà mentionné que nous nous déplaçons entre ces pôles. En tant que luthérien déclaré, je ne voudrais aucunement évincer le catholicisme, je considère qu’il est humain qu’il n’ait pas d’accord sur certaines questions théologiques. C’est une grande liberté lorsque l’individu peut choisir dans ces questions. Journaliste : Tout comme la Prusse, vous romantisez le protestantisme. Dans l’histoire allemande, il a été le produit de prestige de la bourgeoisie et a directement mené au temps moderne. Comment pouvez-vous vanter les oecuménistes du Moyen Age et en même temps être partisan de la Réforme ? UL : Nous nous sommes habitués à considérer la Réforme comme étant bourgeoise. Cela va même si loin que la Guerre des paysans a été intitulée dans les livres d’histoire de la RDA comme étant une "révolution de la bourgeoisie naissante". Ce sont de grossières inepties, car il ne s’agissait pas pour les paysans de libre échange et de liens corporatifs, mais du rétablissement du droit germanique. La popularité des livres d’histoire de la RDA dans l’Ouest des années soixante-dix montre uniquement que ces idées ne sont généralement pas étrangères à la conscience moderne. Elles se sont formées par le fait que, pendant les cinq cents ans depuis la Réforme, la bourgeoisie l’a emporté, d’abord par les Hollandais, puis par les Anglais et enfin par l’Amérique. Ce n’est toutefois pas l’esprit du luthéranisme, mais celui du calvinisme. La révolte de Luther vise une direction tout à fait différente. Le romantisme est un phénomène spécifiquement allemand. Les deux réformes se confondent en lui, d’une manière singulière, souvent comique. L’ascension de la Prusse, l’esprit des guerres de libération et l’empire bismarckien sont des chefs d’œuvre romantiques, je le dis non seulement avec admiration, mais aussi de manière critique. Car, le romantisme est une demi-mesure et il est constamment soumis à l’ennemi qui ne connaît pas de demi-mesure. C’est pourquoi il faut considérer Nietzsche comme réformateur qui mène à son terme la demi-mesure de Luther. Malheureusement, son message n’est pas arrivé à ce jour chez les Allemands. La critique radicale de Nietzsche concernant le christianisme paulinien doit être interprétée comme étant un traitement radical en vue de sa guérison. Et bien entendu allemand et chrétien sont deux notions qui s’accordent très étroitement. Journaliste : Votre rêve de l’empire me paraît comme étant la restauration du Moyen Age. Pensez-vous vraiment que nous vivrons dans cent ans à nouveau dans des monastères et des châteaux forts de chevaliers et que les poètes traverseront les campagnes en jouant de la guitare et loueront leur dulcinée ? UL : Le fait est que le style de vie moderne avec sa consommation des ressources sans précédent court à une catastrophe. La culture - et je le dis en jetant un regard précisément sur la culture allemande - car une culture se redressera toujours même après des catastrophes, a une chance de survivre uniquement si un nouvel équilibre est trouvé. Le Moyen Age peut à ce propos nous enseigner trois choses. D’abord, la séparation des pouvoirs moderne est une pure formalité qui doit masquer que seul un pouvoir domine : l’argent. Au Moyen Age, la chevalerie, le clergé et la bourgeoisie étaient des puissances réelles. On dissimule souvent le fait que le clergé, en particulier dans les monastères, réunissait non seulement l’intelligence idéologique et artistique, mais aussi l’intelligence scientifique et technique. La bourgeoisie a utilisé le peuple pour éliminer les autres états et régner totalitairement. La seconde vertu du Moyen Age est la légalité propre des paysages dans l’empire. C’est une idiotie que de convenir lors d’un show devant les masses qui sera le prochain chancelier fédéral. Il faut que l’homme puisse percevoir des droits et des responsabilités dans son environnement tangible, dans le secteur que l’on peut parcourir à pied le jour. Le droit germanique se réalise de visage à visage, ici il ne peut pas y avoir de responsabilité limitée. Troisièmement, l’homme du Moyen Age est profondément croyant et plein de respect devant la création. Son ordre et sa mentalité d’aide sociale incluent les morts et les enfants pas encore nés. Un égoïsme forcené qui vit aux dépens des générations futures lui est inconnu. Même les morts sont respectés, ce qui est humain au plus haut point. L’esprit chrétien donne unité et existence à tout. Sans cet esprit, les bandes criminelles règnent et l’on doit garder son adresse postale électronique secrète pour ne pas se noyer dans les spams. Je crois tout à fait qu’il y aura encore des ordinateurs électroniques dans cent ans. Mais pas de salles de jeux, de spéculateurs en bourse, de chaînes de télévision privées, de vols à 29 euros, etc. etc. Journaliste : Une forte impulsion pédagogique est décelable dans vos vers. Quelles idées mettriez vous en avant, pour nos lecteurs ? UL : Surtout que cela vaut la peine d’en finir avec les succédanés de la culture moderne, et que c’est possible. Premièrement, débarrassez-vous de votre téléviseur. Cet objet est si immoral que l’on ne doit ni le vendre ni l’offrir. N’utilisez pas Internet comme télé. N’y lisez ni informations ni histoires de scandales. Ne l’utilisez pas non plus comme salle de bavardage. Réfrénez-vous pour passer des mails et renoncez complètement à chatter. Ne lisez pas de quotidien, un hebdomadaire est tout à fait suffisant. Eloignez de vous tout ce qui est éphémère, occupez-vous à nouveau de choses durables. Pour les livres, pas de grands succès de librairie, mais les choses que l’on trouve dans une bonne librairie de livres d’occasion. Protégez-vous des images. Deuxièmement, jetez votre portable et n’utilisez plus le téléphone que pour ce qui est de l’organisation. Ecrivez des lettres. Prenez soin de notre langue. Elle est divine et est le génie de la nation. Troisièmement, n’utilisez plus la voiture que pour le transport de poids importants, en aucune manière pour une excursion. Considérez-vous comme heureux d’être en bonne santé et de pouvoir marcher. N’utilisez le train que si c’est indispensable, et jamais l’avion. Restez en Allemagne et ne dépensez pas votre argent à l’étranger. Quatrièmement, détachez-vous des idioties du darwinisme. Dire que le plus fort s’impose est une tautologie. La connaissance de la force est une grâce et n’est pas possible sans la foi. Cinquièmement : défendez-vous contre la décadence dans l’église et dans ce qui est public. Désignez l’architecture moderne comme étant diabolique et ne craignez pas d’être tourné en ridicule. N’oubliez jamais qu’il pourra peut-être y avoir une véritable amélioration pour nos arrière-petits-enfants, mais que cela exige des efforts de notre part. Croyez en la raison, le monde ne sera finalement pas déterminé par la violence, la tromperie et la corruption. |